Vers de nouvelles normes de bruit pour les véhicules automobiles

Après 20 ans d’attente, la Commission européenne a publié ce vendredi 9 décembre une proposition de nouvelles normes de bruit pour les voitures, camionnettes, bus et camions. Si cette proposition constitue un pas dans la bonne direction, il conviendrait toutefois d’aller bien plus loin… et beaucoup plus rapidement.

Concrètement, la Commission propose

 une réduction des niveaux sonores des voitures de 4 db effective 4 ans après l’entrée en vigueur de la législation (soit pour fin 2016 si le texte entre en vigueur en 2012, après parcours législatif auprès du parlement et des Etats membres). Cette réduction serait atteinte en deux temps : un premier objectif de -2dB pour fin 2013, puis un seconde étape de -2dB. Les niveaux sonores par véhicules ne pourraient dès lors plus dépasser 68 dB ;

 une réduction des niveaux sonores des camions de 3db effective 5 ans après l’entrée en vigueur de la législation (fin 2017). Premier objectif : -1db, puis second : -2dB.

Dans un premier temps, selon la proposition actuelle, ces obligations ne s’appliqueront qu’aux nouveaux modèles ; elles ne vaudront pour tous les véhicules neufs mis sur le marché qu’à partir de 2019. Il faut malheureusement savoir que la grande majorité des voitures mises en vente à l’heure actuelle répondent d’ores et déjà au premier objectif de la Commission et que près d’un quart atteint même déjà le niveau 2. Et les normes fixées pour les camions sont elles aussi loin d’être
suffisantes, d’autant plus que s’ils ne représentent que 3% des véhicules, les poids lourds sont responsables de la moitié des émissions sonores.

L’ambition de la Commission est clairement insuffisante au regard des enjeux sanitaires liés à la problématique. Plus tôt cette année, une vingtaine des principaux experts européens du bruit des véhicules ont d’ailleurs appelé la Commission à une action renforcée contre cette nuisance qui affecte presque la moitié de citoyens européens, soit près de 210 millions de personnes. Il faut savoir, pour bien mesurer l’ampleur du problème, que chaque année, en Europe, 50.000 décès par attaque cardiaque sont causés par le bruit des transports… Par ailleurs, des mesures ambitieuses permettront également de réduire les impacts négatifs sur le sommeil et sur les capacités de concentration des enfants.

Pour rappel, l’échelle des décibels est logarithmique ; réduire le niveau sonore global de 3dB équivaut de facto à réduire de moitié le volume de trafic ; une réduction de 10 dB équivaudrait elle à une division par 10 de ce trafic !

Une réduction de 3dBsupplémentaires permettrait d’améliorer significativement la qualité de vie des citoyens européens vivant à proximité des grands axes routiers. Des réductions significatives seraient aisément et rapidement atteignables par une application systématique des technologies d’ores et déjà disponibles. La réduction des niveaux sonores des véhicules à la source est par ailleurs le moyen d’action le plus efficace tant du point de vue technique que financier ; il permet en outre aux autorités locales d’économiser l’installation de murs anti-bruit ou des mesures d’isolation des habitations privées et publiques.

Les associations de protection de l’environnement recommandent l’avancement de l’entrée en vigueur des deux premiers niveaux à 2013 et 2015 (et non pas 2014 et 2016 tel que proposé actuellement) et l’ajout pour 2020 d’un troisième niveau qui imposerait une réduction de 3db supplémentaires par rapport au deuxième niveau pour les voitures et de 4dB supplémentaires pour les camions. Il est par ailleurs nécessaire d’imposer également des limites plus strictes sur les pics de niveaux sonores émis par les différents types de véhicules.

Valérie Xhonneux

Anciennement: Santé & Produits chimiques