Pics d’ozone : les mesure(tte)s gadgets

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Retour des beaux jours et des pics d’ozone. Le constat est incontournable selon la cellule inter-régionale CELINE : seules des mesures drastiques, durables et européennes sont efficaces pour réduire le nombre de décès !

Le 22 avril dernier, la National Academy of Sciences des Etats-Unis publiait un rapport sur les liens directs entre le nombre de décès prématurés et l’exposition à court terme à l’ozone qui compose le smog.

Chez nous, la cellule inter-régionale CELINE chargée de l’étude de la qualité de l’air a publié l’an passé les résultats d’une modélisation permettant de connaître la réponse des concentrations d’ozone à différents scénarios de réduction des sources de pollution.
L’ozone[[Troposphérique : c’est-à-dire existant dans la troposphère, cette couche de l’atmosphère la plus proche de la terre (épaisseur de 15km à peu près).]] est formé lors d’une réaction photochimique, c’est-à-dire qu’il naît de l’interaction de la lumière du soleil et de composés gazeux qu’on appelle les précurseurs de l’ozone : oxydes d’azote (NOx) et composés organiques volatils (COV). Ces derniers proviennent sans surprise de la combustion de fuel et de procédés industriels ; grosso modo 50 % proviennent des transports et le reste est lié à l’industrie et au chauffage. Sa présence est liée aux activités humaines et l’augmentation de concentration au cours du siècle passé est bien documentée.

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La modélisation réalisée pour la Belgique repose sur 3 scénarios :

1.réduire les émissions liées au trafic routier à un niveau de type week-end

2.supprimer complètement les émissions liées au trafic

3.supprimer complètement toutes les sources d’émissions

L’étude a analysé les données d’un épisode de pollution enregistré en 2003. Les conclusions sont alarmantes : les mesures de réduction partielle ou totale du trafic, même mises en oeuvre 3 jours avant un épisode d’ozone et pour toute la durée de l’épisode, ne permettent pas de réduire les concentrations d’ozone. Au contraire, « à l’échelle du pays, la réduction du trafic sur le court terme entraînerait une légère augmentation de la mortalité » !
Ces résultats ont conduit la Cellule a conclure comme suit :
« Les mesures de court terme prises sur le trafic n’ont pas un pouvoir de réduction significatif des concentrations en ozone. Les seules mesures efficaces permettant d’atteindre une réduction significative de l’ozone sont des mesures structurelles qui doivent être :

 drastiques : en raison des concentrations de fond élevées en oxydes d’azote que l’on observe actuellement, seule une forte réduction (de l’ordre 50 %) des précurseurs pourra conduire à une diminution significative des concentrations d’ozone ;

 durables : des mesures de courte durée n’entraînent pas de modification significative des concentrations de fond des précurseurs et -comme démontré ci-dessus- sont contre-productives. Il est donc impératif d’agir dans la durée ;

 européennes : 65% des précurseurs provenant des pays voisins, les mesures de réduction des précurseurs doivent également s’appliquer à ces pays. »

BREF : ce n’est pas en roulant à 90h à l’heure qu’on va résoudre le problème, c’est en ne roulant pas du tout ET en stoppant temporairement les industries émettant NOx et COV.

Bien sûr, en parallèle, des programmes de réduction des émissions existent (directive NEC), avec objectifs au niveau européens. Là encore, le pessimisme est au rendez-vous, la Cellule conclut : « En ce qui concerne les oxydes d’azote (NOx), il apparaît d’ores et déjà peu probable que la Belgique puisse satisfaire ses engagements en 2010, au contraire de la zone « hotspot » (c’est-à-dire le territoire entourant la Belgique et dont le transport transfrontière de précurseurs influence les concentrations d’ozone en Belgique) qui devrait être en mesure de respecter les objectifs fixés. »