Particules fines : l’essence aussi !!

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Les véhicules propulsés par un moteur essence à injection directe (GDI pour gasoline direct injection) émettent un plus grand nombre de particules fines (PM) que ceux munis d’un moteur diesel et équipés d’un filtre à particules. Ce constat scientifique largement ignoré vient d’être confirmé par une étude indépendante réalisée pour la fédération Transport and Environment (T&E) et publiée ce 28 novembre 2013[TUV Nord: [Testing of particulate emissions from positive ignition vehicles with direct fuel injection system ]].

L’application de la technique d’injection directe de carburant aux moteurs à essence a pour raison d’être le souci de diminuer leur consommation de carburant (et donc leurs émissions de CO2). Elle se généralise et l’on estime que, en 2020, tous les véhicules à essence neufs seront pourvus de cette technologie. Las ! Ce que l’on gagne sur un plan, on le perd sur l’autre : ces moteurs émettent moins de CO2 mais environ 1000 fois plus de particules fines que les moteurs à essence classiques et dix fois plus que les moteurs diesel modernes.

Alors que l’année européenne de l’air touche à sa fin, l’étude publiée par T&E vient à point nommé rappeler leurs obligations aux autorités européennes. Ce qui est bien nécessaire : comme nous le relevions au début de cette année, la législation adoptée en mai 2012 accorde aux constructeurs automobiles un délai de trois ans[ [Article 1er, §3 du règlement (UE) N° 459/2012 ]] pour rendre conformes à la norme Euro 6 les moteurs GDI. Cette norme limite à 6 x 1011 (soit six cent milliards) le nombre de particules par kilomètre roulé pour les véhicules neufs vendus à partir de septembre 2015. Il faudra donc attendre septembre 2018 pour que les voitures GDI s’y conforment.

Les tests réalisés par TUV Nord pour le compte de T&E révèlent qu’équiper les véhicules GDI avec un filtre à particules permettrait de diviser par plus de 1000 le nombre de particules émises. Et les filtres fonctionnent mieux pour les essence à injection directe que pour les diesel, en raison des plus hautes températures des gaz d’échappement qui limitent le dépôt de suies et permettent une régénération continue des filtres. Equiper les voitures GDI avec un filtre induirait un surcoût, évidemment. La Commission européenne a prudemment estimé celui-ci entre 40 et 130€. L’ADAC (club automobile allemand) l’estime pour sa part à 50€. Preuve d’une touchante sollicitude, plutôt que d’imposer ce monstrueux surcoût à ses futurs clients, l’industrie automobile préfère profiter du délai de trois ans que, à force de manœuvres de lobby, elle a réussi à obtenir des législateurs européens – et à empoisonner la santé de tous les Européens.