Les déboires dans la construction du « fameux » réacteur finlandais: vitrine réaliste de l’industrie atomique

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Premier réacteur nucléaire en construction dans un pays de l’OCDE depuis vingt ans, le projet « Olkiluoto 3 » (OL3) était annoncé comme une véritable vitrine d’une industrie atomique qui en faisait le symbole de la « renaissance » du secteur. Le point…

La récente déclaration faite par le consortium « Areva-Siemens » de nouveau retards dans la livraison de ce fameux réacteur de la 3è génération , pour des questions de sûreté, porte un nouveau coup dur à leur image déjà sérieusement écornée ces dernières années suite aux nombreux déboires techniques et financiers (voir pour plus de détail notre nIEWs sur le sujet). D’une durée prévue de quatre ans, le chantier estimé à trois milliards d’euros a débuté en 2005. Après deux années de travaux, la nouvelle annonce porte le retard total actuel à deux ans tandis que la facture a déjà gonflé de plus de 1,5 milliard d’euros.

Le constat est donc amer pour ceux qui la payeront, à savoir:

 les consommateurs finlandais: le consortium des grandes industries finlandaises consommatrices d’électricité (Elfi) considère qu’il lui en coûtera indirectement environ trois milliards d’euros.

 les contribuables français: l’entreprise publique Areva provisionnera cette année encore plus d’un demi milliard d’euros en vue de verser des indemnités au futur exploitant du réacteur[[La Tribune, 13/08/2007.]].

Le total des provisions constituées par le groupe français depuis le début des travaux s’élève ainsi à plus d’1,5 milliards d’euros. Une ardoise qui semble laisser indifférent le Président français, lequel ne manque pas une occasion de louer les mérites de la technologie nucléaire française.

Mais le constat est également amer pour les Finlandais, qui ont toutes les raisons de se sentir floués en se rappelant que le projet leur avait été présenté comme le moyen le plus compétitif de remplir les engagements de Kyoto. En effet, selon des estimations réalisées à l’époque par le gouvernement finlandais, un investissement dans les sources d’énergie renouvelables aurait coûté 500 millions d’euros de plus. L’argument financier du projet nucléaire ne tient donc plus aujourd’hui, de surcroît lorsqu’on tient compte des nombreux soutiens publics dont il a bénéficié (aides à exportation, prêts à des conditions peu conformes au marché, etc.). Ces aides d’Etat font d’ailleurs l’objet d’une enquête auprès de la Commission européenne.

Et pour ceux qui en doutaient, l’argument climatique s’avère aujourd’hui lui aussi fallacieux après l’annonce, l’hiver dernier, de la construction d’une centrale thermique au pétrole pour combler le retard de mise en service du réacteur. A cela s’ajoute le brusque ralentissement des investissements en cogénération et source d’énergie renouvelables – en particulier l’éolien – depuis la décision prise voici quelques années. Et les responsables politiques, qui se servaient alors d’arguments environnementaux, sont aujourd’hui les plus réticents à la fixation d’objectifs de réduction plus ambitieux.
L’histoire se répète, donc, puisque de tels scénarios ont été observés à maintes reprises dans d’autres pays: retards de construction et surcoûts importants, problèmes de sûreté, manque de transparence, frein aux renouvelables, etc.

Sans aucun de doute, Olkiluoto 3 est une véritable vitrine de l’industrie nucléaire!

Canopea