Industrie automobile et émissions de CO2 : un écart en croissance constante entre le test et la réalité

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L’écart entre les émissions de CO2 officielles et les émissions en conditions réelles ne cessent de se creuser. De 8% en 2001, cet écart a continuellement augmenté pour atteindre 31% en 2012 et 40% en 2014. C’est ce que révèle le nouveau rapport de la fédération européenne Transport and Environment (T&E, dont est membre IEW), basé sur une étude de l’ICCT. Les ONG d’environnement demandent aux autorités européennes de renforcer le système de test des véhicules et avancent pour cela une série de propositions concrètes.

Ce qu’il est aujourd’hui convenu d’appeler le scandale VW porte sur une tricherie avérée relative aux émissions d’un polluant local, le NOx. Mais, comme le révèle un nouveau rapport de T&E[[http://www.transportenvironment.org/publications/mind-gap-2015]], cet écart entre les conditions de test et les conditions réelles existe également pour les émissions de CO2 et il ne cesse d’augmenter depuis 2001.

Selon les données analysées par l’ICCT[[http://www.theicct.org/laboratory-road-2015-update]], deux constructeurs (Toyota et Fiat) présentent un écart de « seulement » 25% à 30%, la plupart se situent entre 35% et 40% et Daimler culmine à près de 50%. Presque tous les modèles Mercedes présentent des émissions sur route supérieures de plus de 50% aux tests en laboratoire.

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L’écart s’explique partiellement par la non-représentativité des cycles de test, mais surtout par l’exploitation des « flexibilités » des procédures[[Ce qui, en pratique, revient à considérer comme « légal » tout ce qui n’est pas explicitement interdit par la législation : voir http://www.transportenvironment.org/sites/te/files/publications/CarTest_Overview_01.pdf]] de test et dans l’organisation même du système de réception des véhicules en Europe. Imaginez, pour bien comprendre le problème, que chaque sportif puisse choisir et rémunérer lui-même la firme privée qui réalisera son contrôle anti-dopage. Un tel système créerait un « marché du contrôle » sur lequel les sportifs rechercheraient la firme qui leur garantirait les meilleurs résultats et sur lequel les firmes chercheraient à maximiser leurs profits en donnant satisfaction à leurs clients. C’est ainsi que fonctionne le système de test des voitures en Europe.

Il est urgent que les autorités européennes mettent en œuvre une ambitieuse réforme du système de test :

 instauration d’une autorité de contrôle européenne indépendante ;

 introduction du nouveau cycle de test mondial, plus représentatif de la réalité, le WLTC, sans y intégrer les flexibilités du cycle de test actuel ;

 renforcement du cadre des procédures :

    • utilisation de véhicules « réels » (et non optimisés à cette fin) pour les tests ;
    • tests (y compris sur route) de véhicules de production choisis de manière aléatoire ;
    • vérification des performances au cours de la durée de vie des voitures ;

       proposition d’objectifs de réduction des émissions de CO2 pour 2025

       amélioration de l’information des consommateurs.

C’est à ces conditions seulement que la confiance des citoyens pourra être rétablie, que les objectifs de protection de la santé publique et du climat pourront être rencontrés et que l’impact des importations de pétrole sur la balance commerciale des Etats pourra être diminué.

Contact : Pierre Courbe – 081/390.759 – 0474/923.617